Des responsables fiers de leurs réalisations
L’encouragement des talents à Bâle-Campagne
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- Photo Niklaus Rüegg
- Beat Raaflaub, Thomas Waldner
Monsieur Raaflaub, Monsieur Waldner, qu’est-ce qu’un talent?
Beat Raaflaub: Un don particulier se manifeste par une maîtrise de l’instrument supérieure à la moyenne, par un « petit plus » ainsi qu’un intérêt actif et une grande passion pour la musique. Nous attendons des élèves suivant le programme d’encouragement des talents qu’ils mettent leur instrument et la musique au centre de leurs activités de loisirs.
Thomas Waldner: L’investissement personnel et la volonté de progresser sont des facteurs déterminants.
Quel bilan tirez-vous après cinq ans d’encouragement des talents à Bâle-Campagne?
Raaflaub: Le niveau a progressé d’année en année, et la structure formée d’un Conseil des talents (Talentrat) et d’un secrétariat a fait ses preuves. Nous sommes fiers, en tant que directeurs d’école, d’avoir réalisé cela tout seuls, de façon démocratique et sans soutien cantonal…
Waldner: ...et en plus dans des conditions difficiles. Parvenir à mettre d’accord 15 écoles et 15 commissions scolaires, c’est un grand défi, sachant que toutes les écoles ont déjà suffisamment de manifestations locales et d’obligations financières.
En raison des spécificités communales, l’égalité des chances n’est pas assurée au niveau financier. Bon nombre d’écoles ne subventionnent pas du tout leurs talents, alors que d’autres assument 25, voire 50 % des coûts supplémentaires. Les règlements scolaires passent avant l’intérêt général.
Qu’avez-vous pensé des derniers examens d’admission en mars?
Raaflaub: Les exigences ont augmenté et le jury est devenu plus sévère. Nous constatons que les enseignants et les candidats sont plus conscients de ce qui est demandé. La palette d’instruments s’est élargie. Pour le chant, le niveau était particulièrement élevé cette année. Sur 31 candidats de tout le canton, 19 ont réussi l’examen.
L’organe de contrôle des performances est entré en fonction pour la premier fois en janvier, comment cela s’est-il passé?
Raaflaub: Nous estimons qu’à ce niveau, un contrôle des performances est indispensable. Le Jury intercantonal des talents (« ikataj ») est entré en fonction lors des concerts « podium » de janvier dernier. L’organe est constitué des mêmes personnes que le jury des examens d’admission, ce qui nous permet d’assurer une certaine continuité dans l’évaluation. Nous nous sommes mis d’accord sur un « système de signalisation »: vert signifie « fonctionne bien », orange « un entretien est nécessaire », et rouge « des mesures doivent être prises ». Dans quelques rares cas, le feu est passé à l’orange au printemps.
Waldner: Les contrôles des performances ne se limitent pas au travail de cet organe. Ils englobent aussi les auditions de classe thématiques et les concerts, ainsi que les rapports de performances des enseignants et les contrôles exécutés par les directions d’école.
Quelle est la plus-value de ce programme pour les participants, les enseignants et les écoles?
Raaflaub: Les participants bénéficient en général d’un programme de formation solide à des conditions favorables qui leur permet de développer leur talent personnel. Ceux qui envisagent de faire des études peuvent être suivis jusqu’au niveau de haute école.
Pour les enseignants, le travail représente un défi pédagogique particulier. Il leur offre l’occasion de se profiler et de faire valoir des compétences pointues.
Une école est jugée à ses bons élèves. Elle peut utiliser ses talents comme une vitrine.
Waldner: Si une bonne formation de la base est indispensable à l’émergence de jeunes talents, à l’inverse, ces derniers créent un effet d’appel pour la base. Le contact et la collaboration qui s’instaurent entre les écoles et les enseignants ont également des répercussions très positives. Cet échange crée peu à peu un esprit d’équipe.
Dans quelle direction l’encouragement des talents de Bâle-Campagne devrait-il se développer?
Raaflaub: Le premier objectif est d’assurer la pérennité financière de l’encouragement des talents à Bâle-Campagne. Nous aimerions obtenir une participation financière du canton. Et à moyen terme, nous espérons être intégrés au niveau national sur la base du nouvel article sur la promotion de la formation musicale.
En ce moment, notre priorité est la collaboration avec Bâle. Plusieurs projets sont en train de voir le jour. Notre collaboration sera certainement bientôt intensifiée.
En outre, nous cherchons à établir un dialogue informel avec les gymnases, l’objectif étant d’élaborer des réglementations spéciales pour les participants à l’encouragement. Par exemple, les élèves talentueux ne devraient plus être tenus de changer de professeur lors de leur entrée au gymnase. Waldner: Pour soutenir les professeurs, nous aimerions leur proposer prochainement des formations continues en rapport avec l’encouragement des talents. Par ailleurs, nous souhaitons renforcer l’esprit d’équipe parmi les élèves de l’encouragement en organisant des concerts communs ainsi que des cours et des manifestations.
www.talentfoerderung.ch
Traduction: André Carruzzo