Musique "pour les nuls"
A Delémont, l’Ecole jurassienne et conservatoire de musique (EJCM) propose des cours de musique « pour les nuls » : des ateliers de découverte en trois séances. Leur seul but : allumer une étincelle chez des gens qui ne font pas de musique.
« Quand on discute avec des gens, ils disent souvent qu’ils ont toujours rêvé faire de la musique, mais qu’ils n’osent pas ou plus se lancer », explique Blaise Héritier, directeur de l’EJCM. Le verbe « oser » résonne à son oreille. Les adultes ont souvent peur de faire faux, d’être ridicules face aux autres. Ils ne parlent pratiquement jamais de plaisir. C’est sur ce constat de départ que l’EJCM a eu l’idée de proposer des cours de musique « pour les nuls ». Le titre a été choisi un peu par plaisanterie, en référence aux livres du même nom, mais aussi pour rappeler que ces ateliers accueillent tout type de participants, sans compétences préalables.
L’offre actuelle contient une dizaine de sujets : oser chanter, le solfège, j’aime improviser, j’aime composer, body percussion, les petites histoires de la grande musique, etc. Leur durée est toujours de trois séances d’environ une heure et demie chacune, généralement en soirée, sauf pour le cours d’histoire de la musique pour les enfants qui a lieu le samedi matin.
Le programme a été lancé au printemps dernier, mais seul un cours a pu avoir lieu avant le premier confinement. Une série complète a été organisée en automne 2020, entre les deux confinements, et la deuxième série a débuté en septembre dernier. Le succès est au rendez-vous puisque tous les ateliers prévus ont eu lieu. « Même le solfège, matière rébarbative s’il en est, a attiré du monde. On a démythifié cette discipline », s’enthousiasme Blaise Héritier. Le cours d’introduction au chant et celui de body percussion ont même tellement bien fonctionné qu’ils ont été doublés à la rentrée. « Le but n’est pas de créer une chorale du conservatoire, mais d’inviter les participants à découvrir une pratique. Quitte à s’inscrire plus tard dans un cours hebdomadaire, ou dans un chœur de la région, peu importe. Nous faisons entrer dans notre école des gens qui ne seraient jamais venus », précise-t-il. Plus étonnant, l’atelier « j’aime composer » a accueilli cinq participants, d’âges variés.
« A partir d’un inscrit, le cours a lieu. En définitive, ces ateliers nous coûtent de l’argent, mais ils permettent d’élargir le cercle des proches de l’école, des gens qui pensent que l’école est importante. On touche aussi des personnes de plus de 25 ans, alors que nos élèves sont majoritairement des enfants. Nous semons ainsi la musique dans le vent, ce qui fait partie de notre mission ».