
Retour sur une démission : celle de Marianne Doran de la présidence de SONART - Association Suisse de Musique
S'il est évident que nombreux-ses sont celles et ceux à qui l'on doit le succès de notre projet commun SONART, il est, cependant, une personne plus que toutes autres, à qui l'on doit notre plus grande reconnaissance : notre Présidente démissionnaire, Marianne Doran.
En 2009, lorsqu'elle prend la présidence du Syndicat Musical Suisse (SMS), je connaissais déjà Marianne par son travail à la HES de Lucerne. Mon admiration pour son travail est née au cours des huit années où elle a occupé cette fonction et où je l'ai côtoyée en tant que membre du Comité.
Si une bonne atmosphère de travail est essentielle au succès d'une équipe en général, cela est encore plus vrai dans le cas du travail bénévole ou peu rémunéré, chose courante dans le domaine culturel. Passer de la théorie à la pratique n'est jamais chose aisée et, c'est là, à mon avis, que réside le plus grand talent de Marianne. L'estime et la patience avec lesquelles elle écoute les gens sont authentiques et trouvent leur origine dans son dévouement à la cause et son intérêt fondamental pour les autres et leurs opinions. En cas de divergence, elle n'a jamais une attitude professorale malgré sa grande expérience en politique et gestion culturelles. Par exemple, il peut s'avérer difficile de rappeler à quelqu'un ses devoirs ou de ramener une réunion à trois heures au lieu de six mais, Marianne le fait toujours avec l'élégance avec laquelle je caractériserais son style de gestion, jusqu'à son apparence toute entière. C'est pourquoi, les gens aiment travailler avec elle et c'est certainement l'une des raisons pour lesquelles la triple union entre ASM, SAM et SMS a si bien fonctionné.
Mais revenons une fois encore en arrière : l'histoire des syndicats musicaux a été mouvementée et, même si nous avons beaucoup accompli, nous avons aussi traversé quelques tempêtes : des changements constants au sein du bureau et ce, jusqu'à la menace d'insolvabilité. Il y avait un manque de continuité ou, en d'autres termes, nous étions trop grands pour risquer de disparaître mais trop petits pour survivre. Marianne a toujours été consciente de ces problèmes et, très vite, une étude de l'Université de Bâle apportait les preuves sérieuses de cette affirmation : les créateurs de musique suisses seraient mieux représentés grâce à une association de plus grande envergure. Dans la pratique musicale, dans l'éducation, mais aussi dans la promotion, il n'y a plus de frontières claires entre musique composée et improvisée, celle populaire et dite sérieuse. Il a fallu quelques années de plus pour mettre en œuvre cette vision au niveau de l'association et le syndicat a pu l'utiliser pour la consolider. Marianne maîtrisait les bases de la gestion d'entreprise et, grâce à un cahier des charges clairement défini, des finances assainies, nous avons pu approcher nos partenaires désigné-e-s, grâce à une position relativement stable, ce qui a certainement simplifié le processus d'accord. Le fait que les deux anciens employés du Syndicat, Benedikt Wieland et Nick Werren, poursuivent au sein de SONART en est une preuve en soi et c'est aussi le cas pour Cécile Marty et Christoph Trummer dont la collaboration a permis le maintien d'un savoir-faire précieux.
Grâce à cela, en deux ans, dans une immense démonstration de force et avec à l'aide de tou-te-s les acteurs-trices concerné-e-s, un nouveau protagoniste majeur de la politique culturelle suisse a pu voir le jour : entre les mains de Marianne, avec une direction claire, elle maintenait bien les rênes et c'est grâce à sa vision sur la manière dont cette fusion devait être maîtrisée que la nouvelle grande association SONART a pris la meilleure forme.
Mais c'est en mars de cette année que le baptême du feu a véritablement eu lieu. Comme nous le savons tou-te-s, la pandémie du Corona a eu des conséquences désastreuses pour la musique suisse et nous ne sommes pas prêt-e-s d'en voir la fin. Pendant cette période plus que tout autre, en tant que membre du Comité directeur de SONART, je ne peux dire qu'une chose concernant le travail de notre bureau : je suis subjugué ! SONART fonctionne - et comment ! La précision avec laquelle la situation fait l'objet de constantes analyses, la rapidité et l'efficacité avec lesquelles les réponses sont fournies, la clarté de la communication auraient certainement de quoi offrir des enseignements à un grand nombre de gouvernements ?
Et j'en veux pour preuve, la croissance de plus de 25 %, au cours des derniers mois, du nombre des membres inscrits.
À présent, il ne reste donc à Marianne que la dernière et la plus difficile des tâches qu'implique le travail au sein d'une association : trouver le bon moment pour démissionner et un bon successeur. Nul doute qu'elle maîtrise aussi cela avec brio. Je suis très confiant quant à l'avenir de SONART et j'espère que Marianne continuera, peu importe à quel niveau, de servir la musique suisse.