Valérie Probst

Valérie Probst, Secrétaire générale du Concours Suisse de Musique pour la jeunesse CSMJ, répond aux questions de la Revue Musicale Suisse

Comment allez-vous après cette année ?

L’improvisation est à l’ordre du jour, surtout dans la vie professionnelle. La vie s’est en quelque sorte arrêtée. Les rencontres informelles, la spontanéité, les proches, la vie culturelle au sens large, tout cela manque terriblement. On s’habitue à tout, c’est inquiétant.

Le manque de perspective est difficile à vivre professionnellement. On planifie comme si la normalité allait revenir à chaque instant, en espérant que nos projets ne soient pas à nouveau annulés en dernière minute. On s’attend à tout. Tous les scénarios sont possibles. Déconstruire les projets est un acte qui demande beaucoup d’énergie. Sur le plan professionnel, l’annulation du concours 2020, la veille de son déroulement, a été une expérience douloureuse. Nous faisons tout pour assurer le bon déroulement du concours 2021.

Quel est votre souvenir le plus marquant de cette année de pandémie ?

J’étais à Zurich lors du premier confinement. La ville était vide, silencieuse, dénuée de toute circulation. Il faisait très beau durant cette période, les gens faisaient du sport, profitaient de la situation pour réaliser tout ce qu’il n’est pas possible de faire en temps normal. Une sorte de féérie et d’insouciance contrastait terriblement avec le drame de la situation liée à la pandémie. Cela m’a beaucoup impressionné. Il faut dire qu’à l’époque, personne n’imaginait que cette situation allait durer si longtemps.

Selon vous, en quoi la pandémie a-t-elle changé la profession de musicien ou le travail de votre association ?

Je parlerai ici uniquement de notre institution. En essayant de nous adapter, nous avons cherché des solutions. Dans le cas du concours, la digitalisation était un thème incontournable. Cela a été très discuté au sein de la commission musicale classique et du conseil de fondation. Ces questions de fond inévitables à notre époque ont été en quelque sorte anticipées par la pandémie et une grande partie du travail investi aujourd’hui restera utile à l’avenir. Dans notre cas, l’identité du projet a été discutée. À mon avis, cette remise en question a consolidé le concours. Nous sommes une équipe très unie à tous les niveaux et convaincue par l’actualité de notre engagement. Ceci a été une expérience très enrichissante. Plus que jamais, nous voulons soutenir la jeunesse musicale en Suisse mais en restant fidèles à l’essence même de notre concours.

Quelle question aimeriez-vous poser au Conseil fédéral ou que voudriez-vous qu’il fasse pour relancer la vie musicale ?

Un pays comme la Suisse devrait mettre à disposition les moyens financiers nécessaires pour compenser les décisions sanitaires prises par le Conseil fédéral. Si les confinements sont inévitables, si l’extinction de toute la vie culturelle est indispensable alors il faut compenser toutes les institutions concernées équitablement. Il n’y a pas que les salles de concert élitistes qui contribuent à la vie culturelle d’un pays mais aussi les cafés, les restaurants, les théâtres, les rencontres…