Noémie L. Robidas

Noémie L. Robidas, Présidente de la Conférence des Hautes Ecoles de Musique Suisses CHEMS, répond aux questions de la Revue Musicale Suisse.

Comment allez-vous après cette année ?

Pour ma part, bien qu’un peu essoufflée, je garde le moral et le cap espoir pour l’HEMU comme pour la CHEMS et pour l’avenir de nos missions dans la société. La crise sanitaire a révélé non seulement des forces dans les équipes enseignantes et administratives et chez les étudiants et étudiantes, mais également un besoin humain d’avoir accès à la culture sans écran interposé… sinon la vie perd son sel et son sens.

Quel est votre souvenir le plus marquant de cette année de pandémie ?

Je garde un souvenir clair de ce fameux vendredi 13 mars où nous avons reçu la consigne de fermer nos écoles en un temps record. Nous ne nous doutions pas qu’un an plus tard, le virus serait encore dans le paysage ! Je me souviens aussi de la finale du Prix Crédit suisse de la musique que j’ai eu l’honneur de présider. J’ai ressenti une émotion très vive en écoutant jouer ces jeunes talents des différentes HEM en live. Cela m’a émue aux larmes tellement cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu un vrai concert !

Selon vous, en quoi la pandémie a-t-elle changé la profession de musicien ou le travail de votre association ?

Cela pousse chaque équipe de direction des différentes HEM à questionner et à remettre en question des contenus de cours, des projets et d’en revoir les orientations, les formats, ce que nous n’aurions pas osé faire avant de la même façon. Nous avons pu prendre conscience que la technologie aide à contourner les contraintes kilométriques mais ne peut pas compenser les liens humains qui se nourrissent de vraies rencontres, que ce soit entre les musiciens, avec le public ou, concernant la CHEMS, entre les directeurs des HEM.

Quelle question aimeriez-vous poser au Conseil fédéral ou que voudriez-vous qu’il fasse pour relancer la scène musicale ?

Je pense important de permettre aux concerts de reprendre l’affiche avec des plans de protection adaptés aux lieux (m2, aération, etc.) et non seulement en mettant des jauges arbitraires. Évidemment, cela est peut-être plus complexe à gérer, mais ce serait une réponse adéquate. Je crois important de reconnaître le travail des musiciens indépendants sans qui la vie musicale suisse ne pourrait évidemment pas trouver toute sa richesse en termes d’offre. Enfin, pour nos jeunes diplômés, apporter des aides sous forme de tremplin ou d’accompagnement à l’insertion professionnelle pour les deux ou trois premières années au sortir des études.